Un petit « je vois » ou un hochement de tête au bon moment montre qu’on est présent. Ces signes encouragent l’autre à continuer. C’est déjà une bonne base, mais ça ne suffit pas.
Souvent, pendant que l’autre parle, on prépare notre réponse, on saute aux conclusions ou on essaie de régler le problème avant même de l’avoir bien compris. Notre cerveau aime reconnaître des schémas, confirmer nos idées et protéger notre ego. Écouter vraiment demande de ralentir tout ça, de suspendre nos jugements et d’être pleinement présent·e. Et ça demande de l’attention, de l’humilité et de l’énergie émotionnelle.
Alors, pourquoi faire tout cet effort ?
Parce qu’écouter profondément, c’est un des meilleurs moyens de créer la confiance.
Que vous aidiez une école agricole à se connecter à des entreprises locales, que vous coachiez un cluster ou que vous fassiez le lien entre producteur·rices et acheteur·ses, les gens veulent se sentir vus et entendus. Quand c’est le cas, ils partagent ce qui compte vraiment, pas juste ce qu’ils pensent que vous voulez entendre. C’est là que la confiance peut commencer à s’installer.
Bien écouter vous rend aussi plus malin·e. Vous comprenez ce qui se passe en profondeur. Vous entendez les doutes, les motivations, les jeux de pouvoir. Vous captez les signes précoces de tension ou d’opportunité. Bref, vous accédez à des infos qu’aucun tableau Excel ne pourra vous donner.
Et quand les gens se sentent écoutés, ils ont plus envie d’écouter à leur tour. C’est comme ça que naissent de vraies collaborations, pas juste des échanges de services.
Et quand on n’écoute pas ?
Quand on n’écoute pas vraiment, on passe souvent à côté de l’essentiel. Ou pire, on croit avoir compris alors que non. On pense être aligné, mais on découvre trop tard que ce n’était pas le cas.
Les accords tombent à l’eau. Chacun fait cavalier seul. Ou alors rien ne bouge. Et dans notre travail, qui vise le changement, c’est la dernière chose qu’on souhaite.
Mal écouter crée aussi des tensions. Les gens se sentent ignorés, mal compris ou frustrés. Et reconstruire la confiance ensuite coûte bien plus d’énergie que d’avoir bien écouté dès le départ. Alors ne zappez pas cette étape. Ce n’est pas un luxe, c’est un vrai levier de changement.
Quatre techniques pour mieux écouter
Écouter, c’est comme un muscle : plus on le travaille, plus il devient fort. Voici quatre techniques puissantes pour vous entraîner :
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Écoutez pour comprendre, pas pour répondre
C’est tentant de réagir tout de suite avec un conseil ou une opinion. Résistez à cette envie. Adoptez plutôt cet état d’esprit : « Je ne suis pas là pour résoudre, je suis là pour comprendre. » Demandez-vous : Que veut vraiment dire cette personne ? Qu’est-ce qui est important pour elle ? Que ne dit-elle pas directement ? Laissez-la finir. Puis, reformulez ce que vous avez compris. Quel est le message ? Qu’est-ce qui semble essentiel pour elle ? Cela clarifie les choses et montre que vous écoutez vraiment. -
Laissez de la place au silence
Le silence met mal à l’aise – et c’est justement pour ça qu’il est utile. Quand quelqu’un a fini de parler, attendez quelques secondes. Ne remplissez pas tout de suite le vide. Laissez le silence s’installer. Souvent, les choses les plus importantes viennent après la « vraie » réponse. Ce silence montre que vous êtes vraiment là, prêt·e à aller plus loin. -
Observez ce qui n’est pas dit
Écouter, ce n’est pas que des mots. C’est aussi le ton, les émotions, les gestes, et même les silences. Un changement de voix, une pause hésitante, des yeux qui brillent… tout ça fait partie du message. Dans certaines cultures ou contextes sensibles, les gens n’osent pas toujours dire les choses directement. Mais ils communiquent quand même. Être attentif·ve à ce langage non verbal vous permet de percevoir ce qui est vraiment en jeu. Cela demande de la patience et de la présence, mais ça vous ouvre l’accès à des besoins, des doutes ou des envies souvent cachés. -
Posez des questions curieuses
Écouter activement, c’est aller plus loin que les mots. Une fois que quelqu’un partage quelque chose d’important, ne passez pas trop vite à autre chose. Posez des questions ouvertes qui invitent à creuser : Comment ça s’est passé ? Qu’est-ce qui a rendu ça difficile ? Tu as un exemple ? Ces questions montrent un vrai intérêt et permettent de comprendre les motivations, le contexte, les nuances. On ne parle pas d’interrogatoire, mais d’une vraie curiosité, qui donne à l’autre la liberté de raconter son histoire à sa façon.
Écouter, c’est une compétence stratégique
Elle permet de créer de la confiance, de mieux comprendre ce qui se passe et de poser les bases d’une vraie collaboration. Donc, la prochaine fois que vous vous surprenez à préparer votre réponse alors que l’autre n’a pas fini de parler… faites une pause. Et écoutez – pour de vrai.